Un militant défenseur de misère africaine en France ou un Noir au service de l'UMP ?

Est-ce la naiveté du Noir qui prend part activement à chasser les Africains par charter de France ?

(Bahar Makooi pour L’international magazine, publié le 12/02/2008)

Après avoir servi la victoire à l’OM face à Milan en finale de la Coupe des champions un fameux soir de 1993, Basile Boli a créé la surprise en soutenant Nicolas Sarkozy durant sa campagne pour la présidentielle.

Devenu secrétaire national de l’Union pour la Majorité Présidentielle (UMP), actuellement au pouvoir en France, c’est un Boli en charge du Co-développement dans le parti de Nicolas Sorkozy qui se lance un nouveau défi : ERA, association « Entreprendre en Afrique » qu’il a créée il y a quelques mois, avec pour objectif : aider les migrants (qui le souhaitent) à rentrer chez eux.

Fin septembre 2007, il a signé un accord avec l’ANAEM (Agence nationale d’accueil des étrangers et des migrations) pour organiser un programme d’aide aux retours volontaires de sans-papiers en Afrique.

Entretien avec un homme engagé
Basile Boli

Qu’est ce qui vous a poussé à créer ERA ?

J’ai un but précis : apporter ce que je peux à cette Afrique qui m’est chère. Pour moi, le football a été une porte sociale vers la réussite. Je veux en faire bénéficier ma communauté. Je n’en peux plus d’entendre toujours parler de l’Afrique d’une façon négative dans les medias. ça me fait mal de voir les images des jeunes migrants qui meurent le long des côtes espagnoles. Il existe une génération de jeunes Africains qui ont envie d’entreprendre.

Des migrants qui, après avoir capitalisé une expérience en France, souhaitent apporter leurs compétences à leur pays d’origine. ERA n’est pas une association humanitaire. Nous ne sommes pas une ONG, mais un pont entrepreneurial qui va permettre d’engendrer une nouvelle génération de créateurs africains.

Le 16 octobre dernier, vous avez été nommé secrétaire national de l’UMP en charge du Co-développement. Votre engagement à l’UMP a-t-il un lien avec ce projet ?

J’ai rencontré Nicolas Sarkozy par l’intermédiaire de Bernard Tapie et Claude Géant. Il m’a convaincu sur le problème de l’immigration. A partir de là, je l’ai rejoint dans la bataille des élections. Puis il m’a proposé un rôle de chargé de mission sur la diversité pour son ministère de l’Intérieur.

Nous avons eu beaucoup de discussions sur l’Afrique, qui m’ont tenu à cœur. Chaque fois que je vois le président Sarkozy, je lui parle d’ERA. J’ai envie d’être une force de proposition de ma communauté à l’UMP.

Comment allez-vous procéder pour démarcher les candidats au retour en Afrique ?

ERA travaille avec des chefs de diasporas africaines qui connaissent parfaitement la diaspora dont ils sont originaires : sa culture, ses coutumes. Ils sont capables d’aborder les sujets les plus délicats dans une relation de confiance avec les candidats au programme d’ERA.

Notre approche est beaucoup plus précise, plus ethnique que l’administration française, qui ne peut pas aller dans un foyer africain et parler le Bambara ou le Nouchi pour expliquer le programme de l’ANAEM aux candidats potentiels.

Vous n’avez pas peur d’être récupéré par l’ANAEM qui dépend du ministère de l’Immigration ?

Comment voulez-vous que l’on soit financé ? Notre devoir va au-delà de cet organisme gouvernemental. Nous, on est là pour essayer de discuter et de marcher main dans la main avec les candidats. On a envie de construire un modèle de réussite pour cette Afrique, pour cette nouvelle génération dynamique.

La présence de Rame Yade au gouvernement vous satisfait-elle ?

Ça me satisfait parce que c’était impossible il y a 20 ans. Rachida Dati également. Aucun chef de gouvernement de gauche n’aurait mis un Arabe à son poste. Moi, j’ai vécu la génération Mitterrand... J’ai rêvé de voir Harlem Désir ministre de la Jeunesse, et je ne l’ai jamais vu.

Que pensez-vous de la loi sur les tests ADN proposés aux candidats à l’immigration ?

Mon père était polygame. A partir de là, les tests ADN, ce n’est pas pour moi. Je pense qu’on a tendance à stigmatiser cette loi en la limitant à son volet sur l’ADN. Pourtant, nous avons réussi à obtenir que ces tests soient volontaires.
C’est en retournant en Côte-d’Ivoire après sa carrière de footballeur et en y montant sa propre entreprise dans l’économie du sport que Basile Boli a réalisé l’intérêt d’entreprendre en Afrique.

Contraint de rentrer en France à cause de la crise ivoirienne, il fonde ERA et utilise sa réussite comme modèle pour proposer aux migrants exilés en France de retourner dans leur pays d’origine afin d’y fonder une entreprise.

Pour ce, ERA propose aux intéressés de les aider à monter un projet, qu’ils aient, ou pas, des papiers. Les conseils et les réseaux sont fournis par l’ERA. Ajouter à cela les 3 000 à 7 000 € de financements non remboursables de l’ANAEM (Agence nationale d’accueil des étrangers et des migrations), son partenaire.

ERA insiste sur le caractère « volontaire » des candidatures au retour pour ne pas être taxé de participer à la politique de chiffre en en matière de reconduite à la frontière des sans papiers.

Lors de la signature du partenariat entre ERA et l’ANAEM, le ministre Brice Hortefeux a pourtant salué « les objectifs ambitieux que Basile a fixé à son association, à savoir d’examiner au moins 700 dossiers de retour de migrants dans leurs pays d’origine, d’instruire 200 dossiers d’appui au démarrage de projets, dont 100 mettant en relation des demandeurs d’emploi avec des entreprises africaines ».

ERA a vocation à travailler avec toute l’Afrique mais, dans un premier temps, la convention passée avec l’ANAEM ne concerne que le Mali, le Sénégal, le Bénin et la Côte-d’Ivoire.

Un dispositif de suivi des projets sur le terrain est prévu, pendant deux ans au moins, grâce à la création prochaine de bureaux ERA dans chaque pays.

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